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24 avril 2009

Le suicide, poétique ?

Stylé, émouvant, poétique, ténébreux, romantique, élégamment gothique… le suicide se lève lorsque le soleil se couche, tel un vampire élégant - peut-être Lestat.

Tout le monde n’est pas sensible à son charme, mais lorsqu’on va vraiment très mal il est rare qu’on ne lui trouve pas un petit quelque chose, un certain je-ne-sais-quoi d’attirant. En effet d’innombrables films, chansons et livres l’ont enjolivé, vernissé d’art.

Virginia Woolf ne noie sur la belle musique de Philip Glass dans The Hours ; Jacques, le héros du Grand Bleu, plonge rejoindre les dauphins pour voir ce qui se passe lorsqu’on n’a plus d’air ; la jolie chanteuse du groupe Evanescence se jette en nuisette du haut d’un immeuble, et chante sans perdre son sang froid entre le quinzième étage et le sol, qu’elle n’atteint jamais ; dans Histoires de pouvoir, Carlos Castaneda saute du haut d’un précipice parce que c’est tellement toltèque (dans le tome suivant il ne se souvient de rien mais n’a apparemment rien de cassé)… Bref : le suicide est glamour, sexy, poétique, aventureux, spirituel, transcendantal, ésotérique. Et on n’en meurt pas. Enfin si, on en meurt, mais dans une ellipse narrative, en dehors du cadre, de l’histoire, loin des regards fascinés qui s’attardent sur l’envol[1] quelle belle antiphrase pour chute.

Et dans la réalité, ça ressemble à quoi, un suicide ?

Ça ressemble à du sang, du vomi, un corps inerte qui pendouille au bout d’une corde, des intestins qui se vident, une langue qui sort. Ça ressemble à un traumatisme tellement atroce qu’il salit tous les souvenirs associés à celui ou celle qui est mort ainsi, cachet d’horreur, empreinte ineffaçable. Ça ressemble au plus ignoble et sordide héritage qu’on puisse laisser à une famille ou à des amis. Ça ressemble à une malédiction ; ça ressemble à de nouveaux suicides tout aussi atroces, conséquences du premier.


[1] L'Envol de Sarah : Ma fille : sa vie, son suicide est un livre d’Agnès Favre.

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