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20 octobre 2007

Un diagnostic rassurant


On peut se sentir très soulagé d'être diagnostiqué.

Ce problème sans nom qui nous bouffait la vie est démasqué : le voici tout nu, en pleine lumière, sous les feux des projecteurs, tels un animal qui a grignoté notre sommeil jusqu'à l'insomnie pendant des nuits, dans l'anonymat de l’obscurité, jusqu'à ce qu’on arrive enfin à le confondre dans la clarté aveuglante de notre lampe torche… Et l’infernal perturbateur n’est au final qu’une petite souris, au pire un gros rat !...

Cette petite souris ou ce gros rat, c’est la maladie dont le psychiatre nous révèle le nom : dépression, trouble bipolaire, schizophrénie, etc.

Certes, sa sonorité hirsute ne lui donne pas l’air bien sympathique – mais pas plus que ce gros rat chauve aux yeux rouge échappé des égouts que notre lampe éblouit.

Soulagement : notre mal-être ignoré, nié, repoussé par nos proches d’un « secoue-toi, ça ira mieux… » est enfin pris au sérieux. Il existe ; un spécialiste peut en témoigner ; un spécialiste l’a reconnu : ce n’est pas un yéti mythique, ni un dahu de canular, c’est une bête qui existe bel et bien, un mammifère répertorié dans tous les traités de biologie !

Si nous sommes si fatigué, si triste, si anxieux, si perturbé, ce n’est pas parce que nous ne « faisons pas d’efforts » ou que « nous manquons de volonté », c’est au contraire pour une raison tout à fait valable, une raison médicale, scientifique, objective, indiscutable !

Et nos proches seront bien obligés de l'admettre, maintenant que nous en avons la preuve...

Le plus rassurant dans l'histoire, c'est que le mal-être contre lequel on bataillait seul(e) va maintenant être combattu par un commando spécial de guérilleros super-entraînés… des professionnels qui savent ce qu’ils font, qui maîtrisent toutes les techniques de combat rapproché, alors que nous, avec nos petits poings ramollis et nos larmes, on ne faisait pas le poids.

Ce bataillon comporte :

- la science médicale (c’est le chef) ;

- le psychiatre (c’est celui qui est juste en dessous du chef) ;

- les cachets (ce sont les hommes).

Nous le sentons, nous le pressentons, nous en avons la quasi-certitude : ça y est, nous sommes arrivés à bon port, il va nous suffire d’obéir docilement à toutes les prescriptions qu’on nous donnera et nous serons sauvés… La joie de vivre nous attend de l’autre côté d’un traitement, elle nous sourit, elle nous fait signe, elle nous encourage à la rejoindre…

6 commentaires:

  1. J'ai lu tout ces textes sur le diagnostic, je suis ravie de voir que le blog est encore en activité, au vu que le dernier article date de décembre 2011 et je suis vraiment joyeuse de lire tes écrits qui me font un bien fou et me rapproche certainement plus de la vie que ce crétin de psychiatre que j'ai croisé il y a peu. Je trouve que les solutions sont plus dans ton ordre de pensée que le psychiatre qui m'a presque condamnée au suicide. Je me débrouille pas trop mal pour me défendre quand je suis à l’hôpital avec leur bible de DSM, faut croire que c'est un culte, une religion aussi mais malheureusement si je vais mal, mon entourage est démunis et utilise la menace de la psychiatrie pour me tenir à carreau et pour éviter que je tente de faire une bêtise, me tuer quoi... C'est un peu absurde, car le jour ou j'aurais décidé de mourir il ne sauront pas au courant qu'il est arrivé... J'espère tout de même ne pas faire ce choix, et tant que je suis en vie c'est que j'espère encore et que j'aspire vraiment à vivre. Je vis une dualité intérieure forte entre la mort et la vie qui se crie dessus. Pour expliquer à l'hôpital que j'ai visité il y a deux-trois mois, alors que je m'étais menacée avec un couteau (difficulté de relation importante avec mon père qui m'oppresse et me donne un peu l'impression de me tuer depuis que je suis gosse), enfin cela était stupide mais désespéré aussi, mes parents ont appelé l'ambulance et les infirmiers ont discuté avec moi, eux ils ont étés magnifiques mais avec une idée fausse de ce que l’hôpital peut apporter m'a-t-il sembler, ce qui est cool c'est qu'aujourd'hui on a des droits à revendiquer et on ne peut pas forcer quelqu'un à aller à l'hôpital comme cela, je craignais de me faire violenter par mon père alors j'ai préféré aller à l’hôpital quand même. Le fait que mon père peut devenir violent c'est un peu la source de mon mal et c'est aussi le mauvais revers de la chose, car à 22 ans, en âge de prendre mon autonomie je suis chaos et pas en mesure de prendre mon envol alors qu'il faudrait fuir, vraiment. Depuis que j'ai 16 ans je tente de sortir de la maison, mais sans soutien familial, matériel, affectif, jeune c'est vraiment dur, en plus avec un passé que l'on traîne comme un boulet et qui nous donne des relents de mort tout le temps qui font déprimés parce qu'on sait pas comment les dépasser et que c'est pas dans les cabinets des psychologues qu'on apprends, et bien voilà c'est très dur.

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  2. C'est un parcours du combattant dont je ne sais jamais si je vais ressortir vivante. Soit je m'étends... Ce psychiatre, qui s'inquiétait (drôle de manière de le dire au vu qu'il avait l'air de ne pas du tout se sentir concerné...) de me voir autant faire appel à la psychiatrie (4 ème hospitalisation), d'être "chronicisée" même, cela devait lui faire penser à une maladie mentale me dit-il. J'ai cru qu'il allait me la sortir d'une pochette surprise. J'ai dit que moi non, je veux pas d'étiquettes. Et voilà, il s'en est arrêté là, bien que j'ai l'impression d'avoir du mettre mon cerveau en ébullition pour contrer ce gaillard qui pour moi ce prends un délire avec son histoire pour lequel en plus il est paillé... Il y a toutes les attitudes que j'ai du avoir, tout le long de l'hospitalisation, les mots placés par ci par là, fin je m'en suis sortie sauve. En fait le constat est là, si on ne s'en sort pas après autant de temps c'est qu'on a une maladie mentale, véridique. C'est pas observable dans le cerveau, çà se base sur des théories et pour ce que j'ai lu cela à quelque chose de loufoque. En fait le pouvoir même qu'à la psychiatrie me semble grave et a quelque chose même de l'ordre du racisme de la différence de mon point de vue, fin avec le temps c'est ce à ce quoi j'en viens à penser. C'est absolument pas un truc qui aide, c'est juste pour amorcer la crise que passe la personne mais on fait rien pour l'aider à dépasser son mal-être à part lui donner des médocs (comme si la cause ne pouvait être que chimique... Si on va mal, c'est pas très normal. Je vois pas ce qu'a pleurer de plus anormal qu'un sourire.) et l'écouter assit pas toujours avec un grand intérêt pour la personne en difficulté.

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  3. Les solutions c'est terrible comme ils n'en proposent pas, et finalement de réaliser que question connaissance de l'être humain nous sommes à la préhistoire.

    Le fait qu'il puisse imaginer de me poser une maladie mentale a de graves conséquences pour moi qui n'arrive jamais à chasser de mon esprit toute pensée mauvaise sur moi-même et même qui entretient cette culture de mauvaise herbe de la tête. Il est terrible que je puisse me dire à certain moment que je ne suis pas normale, que j'ai un problème tel et irésoluble que je devrais mourir, car je ne me sens plus être humain et on m'enlève un pilier de la vie, le grand sentiment de se sentir au moins appartenir à l'humanité. Je trouve cela grave, vraiment grave pour des personnes qui sont censées par leur travail être l'élément dans la société qui aide les personnes qui se retrouvent mal à reprendre le chemin de se sentir bien. Toutes "ces merdes" qui potentiellement peuvent arriver à tout les êtres humains, devraient être des opportunités plus que des condamnations (pour ce qui me donne l'impression d'avoir été une vilaine personne parce qu'elle va mal). J'en viens parfois à me demander si la psychiatrie n'est pas plus un système de bouc émissaire qu'autre chose. Elle devrait pas être cela, si tu veux te défouler sur les gens, te sentir supérieur, le chef, la position dominante sur les autres : Deviens psychiatre. Alors que çà devrait plus tôt être si tu es sensible au mal d'autrui, que tu voudrais l'aider à traverser une mauvaise passe aussi terrible soit-elle : deviens psychiatre. Fin pour ce que je pense, à débattre constructivement. J'ai la haine sur eux, car au lieu de m'aider à me construire, défaillance de l'environnement dans lequel je suis née, ils m'achèvent. Je le vis comme un crime pour lequel je ne peux pas me défendre, au vu qu'il est si facile maintenant de me faire passer pour une folle.

    J'avais besoin de partager. C'est un blog sur lequel j'étais tombée plusieurs fois par hasard et dont à chaque fois j'avais fait la bêtise de perdre l'adresse, alors vraiment quel joie de le retrouver.

    (Fin)

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  4. Ps : Ne pas faire attention au blog qui se lie au message par lequel je commente, c'est un truc nul, j'avais pas envie de le faire, je viens même de le supprimer mais je sais pas si c'est immédiat... Il avait l'air de ne pas vouloir poster si je ne me connectais pas alors voilà. Salut!

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  5. Merci de partager votre expérience (douloureuse) de la psychiatrie, c'est très intéressant.

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  6. Je viens de me relire et c'est très fouillis... Et très long! J'aurais mieux aimé faire... Merci pour le courage de lecture! L'expérience a été difficile, oui. Ce qui m'effraie le plus, c'est le manque de choses existantes pour participer à la bonne santé morale des personnes. Les entretiens chez le psychologue ne sont qu'un remède un temps qui laisse finalement bien démunis pour trouver des solutions efficaces au mal-être. Entre aller bien et aller mal, je ne trouve pas de milieu qui serait (imaginé) des lieux d'accueils qui puisse aider avec des outils concrets au quotidien des personnes qui vont mal vers un "aller bien". On en arrive à l'extrême lorsque l'on débarque en psychiatrie et ce après un long moment de mal-être. Et entre chez soi et l’hôpital, il existe peu de choses. Il n'est plus toujours possible parce que l'on est très déprimé d'être autonome et pas pour autant justifié d'aller à l’hôpital qui a part donner des médicaments ne va rien aider à résoudre. C'est un peu mortifère l'ambiance de la psychiatrie. Hors je crois que l'expérience de la souffrance est riche de sens mais qu'on ne sait pas toujours comment faire avec son bateau pour traversé la mer agitée. Il faudrait des éclaireurs bien attentionnés axé "évolution" et non "maladie" comme l'aime les psychiatres. Je m'arrête là autrement, j'écris beaucoup. :D

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