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09 février 2014

Impuissance acquise et combativité

Ce que les psychologues appellent "l'impuissance acquise", c'est cette attitude défaitiste profondément ancrée qui fait dire : "de toute façon, ça ne marchera pas..." et qui empêche certaines personnes (dont moi pendant très très longtemps) de persévérer face aux obstacles et de se battre pour ses idéaux.

Le contraire de "l'impuissance acquise", c'est la combativité. Si vous êtes combatif, vous ne souffrez pas d'impuissance acquise, et réciproquement.

Etre combatif, ce n'est pas être agressif. C'est accepter qu'il y a une guerre, une guerre entre le Bien et le Mal, choisir son camp, porter des coups et ne pas avoir peur d'en recevoir aussi.

Et oui, quand on se bat, on prend des coups. C'est logique, inévitable et naturel.

Mais quand on souffre d'impuissance acquise, on préfère rester sur la touche à compter les points.

Quand je parle de "coups", je ne parle pas de coups de poings, même si ça peut être ça aussi. Il y a mille et une manière de porter des coups comme il y a mille et une manière d'en recevoir.

Se faire insulter, c'est prendre un coup.

Démolir une idée fausse, c'est porter un coup.

Si les gens aiment tant les conflits, au cinéma, même ceux qui les détestent dans la vraie vie, c'est qu'à un certain niveau, nous sommes créés pour ça.

Pour combattre.

Chacun à sa manière, chacun dans la mesure de ses capacités.

Si vous souffrez d'impuissance acquise... quel conseil puis-je bien vous donner ?

Je sais ce qui a marché pour moi. Mis à part ma conversion à l'Islam, qui est la base de tout le reste, il y a deux choses qui m'ont aidé à me libérer de l'impuissance acquise :

1/ La réécriture de la biographie du prophète Muhammad, que la paix soit sur lui. De me plonger dans les combats et les guerres qui ont opposé les croyants aux mecquois qui voulaient les détruire, eux et leur foi, a eu un effet très particulier sur moi. Un effet difficile à expliquer, mais que j'ai ressenti à un niveau presque physique, comme si certaines hormones ou glandes se mettaient à fonctionner, alors qu'elles étaient paralysées jusque là. C'est difficile à expliquer, car moi-même je ne sais pas exactement ce qui s'est passé, mais après avoir réécrit cette biographie, je me suis sentie plus... combative. Et moins... impuissante.

2/ Quand j'ai écrit "Ecrire une scène de combat en s'inspirant des grands romanciers", le fait d'étudier de manière très précise une scène combative a eu plus ou moins le même effet sur moi. Je me suis sentie plus libre, plus forte, plus déterminée, plus courageuse. D'un courage presque physique.

Le problème, c'est que ce qui a marché pour moi, ce sont des remèdes d'écrivain... pour quelqu'un qui n'écrit pas, je ne sais pas quoi proposer. Je ne pense pas que regarder un film d'action ait le même effet. Enfin, peut-être, si le film est vraiment bien choisi et si on s'y immerge complètement, sans la moindre distance.

Mais ce qui est sûr, c'est que pour que ces remèdes soient efficaces, il faut d'abord se libérer du relativisme mou qui tue dans l'oeuf toute combativité. Je dis "relativisme mou", mais je pourrais aussi bien dire "illusion bouddhiste", "propagande psychiatrique", ou "philosophie débilo-new-age".

Voici quelques unes des idées qui empêchent de sortir de l'impuissance acquise :

- Le mal est une maladie ;
- Le mal n'est pas un choix ;
- Il n'y a pas réellement de différence entre le Bien et le Mal ;
- Il faut aimer tout le monde et compatir avec tout l'univers ;
- L'essentiel, c'est d'avoir l'esprit ouvert ;
- On ne doit pas juger les gens ;
- On ne doit pas juger les croyances et les choix ;
- Porter un jugement moral, c'est mal ;
- Ce à quoi tu résistes, persiste : ne résiste à rien, et le mal disparaîtra ;
- Il faut aimer les méchants et les criminels.

Ces derniers jours, j'ai discuté avec plusieurs personnes qui m'ont sorti toutes ces idées banales et fausses.

"Le mal est une maladie" est une idée popularisée par les psychiatres, qui ont pour plan d'effacer les notions de bien et de mal. (Je suppose que si le mal est une maladie, aider une vieille dame à traverser la rue, c'est de la santé mentale ?...)
Bon, inutile que je réponde point par point à chacune de ces phrases... à moins que cela vous intéresse particulièrement, et dans ce cas dites-le moi en commentaire.

Je ne sais pas si cet article peut vous aider...

11 commentaires:

  1. Bonjour,

    Je pense qu'il faut faire attention à ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain. S'il y a effectivement, au sein de notre société, un "relativisme mou" qui paralyse le jugement, il y a aussi un "absolutisme dur" qui revient en force – notamment sous la forme d'idéologies religieuses – et qui ne consiste pas moins que son frère ennemi en une contrefaçon de la raison. Par exemple, si je partage votre analyse d'une "psychiatrisation" du 'mal' (terme à définir), je ne vous rejoindrais pas sur la conclusion que vous semblez en tirer, à savoir que le 'mal' ne relève jamais de la psychopathologie. Lorsqu'un psychotique tue une policière à coups de sabre (affaire Roson, 2011), il perpètre bien un crime, mais ne saurait en être tenu pour responsable pénalement et, au-delà, moralement, parce que le trouble mental dont il souffre altère son discernement. Quant à l'idée que la vie serait un combat, elle me paraît trop générale. Il y a bien des situations dans l'existence où il faut se battre, oui, mais il y a aussi bien d'autres situations où c'est parfaitement inutile, voire contreproductif. Sans faire de psychologie de bazar, la combativité d'une personne renvoie parfois à un fonctionnement "contre-phobique", c'est-à-dire à une tentative désespérée de venir à bout d'une peur non reconnue. Dans ce cadre-là, la combativité extérieure constitue une fuite face à un conflit intérieur non résolu et se révèle plus nocive que bénéfique.

    Chaleureusement.

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  2. Il y a des fous dangereux, effectivement. Est-ce que j'ai dit le contraire ?

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  3. Quant à définir le mal, c'est impossible. "Mal" est un mot-racine, il ne se définit que par lui-même ou par son contraire, le Bien. Tout ce qu'on peut faire, c'est faire une liste plus ou moins exhaustive de ce qui est Mal, discuter pour savoir si telle chose et mal ou pas, etc. Chaque fois qu'un philosophe a tenté de définir le Mal, sa définition était moins claire, et plus réductrice, que le concept qu'il cherchait à définir.

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  4. Je cherchais simplement à dissiper le malentendu qui me semblait affleurer dans votre petit texte lorsque vous expliquez que l'idée qui transforme le 'mal' en maladie serait aussi "banale" que "fausse" et "popularisée par les psychiatres". C'est chose faite. Quant au 'mal', je suis tout à fait d'accord avec vous sur son impossible définition. Mais dans ce cas-là, n'est-il pas bien imprudent de manier ce (pseudo-)concept ? Pour pouvoir dresser votre liste hypothétique, il faudrait d'abord, en amont, définir ce fameux 'mal' et voilà le serpent qui se mord la queue. Je pense qu'une issue possible consiste à cesser de raisonner en termes de morale, qui regarde chacun, au profit d'une logique du droit, qui concerne tout le monde. Dans cette perspective, il devient inutile de parler de 'mal' : il s'agit plus simplement de considérer le respect ou la violation du droit des individus. Dès lors, les choses sont claires : chacun a le droit de juger autrui et ses croyances, personne n'est obligé d'aimer quiconque, en revanche tout le monde est tenu de respecter un certain nombre de règles formelles fixée par l'Etat de droit pour que la cohabitation soit possible.

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  5. Le mal n'est pas un pseudo-concept. Le fait qu'on ne puisse pas le définir avec d'autres termes ne signifie absolument pas que c'est une coquille creuse ; au contraire, c'est une "brique" de la pensée. On ne peut pas le réduire à d'autres éléments plus petits précisément parce que c'est l'un des éléments les plus fondamentaux. Quant à remplacer la morale par le droit que définit l'Etat, ça me paraît un cauchemard totalitaire...

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  6. Et puis d'ailleurs, cohabitation entre qui et qui ?

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  7. Cohabitation entre les individus qui composent une société, en tant qu'ils ne partagent pas les mêmes désirs, intérêts, opinions, croyances ou que sais-je encore.

    L'Etat de droit, loin d'être ce "cauchemar totalitaire" que vous redoutez, constitue au contraire le cadre sans lequel il n'y aurait justement aucune cohabitation possible, mais une guerre de tous contre tous (Hobbes), chacun caressant l'espoir d'imposer sa morale particulière. Il me semble que notre pays, malgré un certain laïcisme historiquement explicable qu'on peut sans doute légitimement critiquer, permet à chaque citoyen de jouir de sa liberté de conscience et de pratiquer le culte de son choix ou encore de soutenir le parti politique qu'il veut.

    Enfin, en bonne logique, un concept qui ne réfère pas à une réalité circonscrite n'est pas un concept, mais un fourre-tout théorique faute de mieux... ou un épouvantail fantasmatique destiné à effrayer les âmes impressionnables – que nous sommes tous à un moment ou à un autre.

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  8. Est-ce que vous êtes en train de dire que quelqu'un qui enlève un enfant, qui (en compagnie d'autres personnes) le viole, le torture, le tue lentement, filme le spectacle et vend très cher la vidéo, ce n'est pas MAL ? En France il y a 3 enfants qui disparaissent chaque jour. Ils ne sont pas perdus pour tout le monde. Et il ne faut pas compter sur l'Etat "de droit" pour remédier à ça. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez regarder le documentaire "Messe noire et snuff movie en France", qu'on peut regarder gratuitement sur le net, ou consulter le site pedopolis. Je ne crois pas qu'ensuite, vous penserez encore que le mal est un épouvantail fantasmatique destiné à effrayer les âmes impressionnables.

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  9. 1. Je vous devine assez fine pour ne pas me faire dire ce que je n'ai pas dit. Je ne nie absolument pas l'existence de comportements criminels, c'est-à-dire de comportements attentatoires aux droits les plus fondamentaux d'un être humain, à savoir, si je reprends votre exemple, le droit de vivre et le droit au respect de son intégrité physique et psychologique.

    2. Que je sache, en France, le fait d'enlever un enfant, de le violer, de le torturer, de le tuer lentement, de filmer le spectacle et de vendre la vidéo très cher, est interdit par la loi et par suite répréhensible. Consultez le Code pénal : vous n'y trouverez pourtant pas trace du pseudo-concept de 'mal'.

    3. Là où je veux en venir, c'est qu'expliquer un comportement criminel par le 'mal', c'est comme expliquer l'effet somnifère de l'opium par une "vertu dormitive" ou, pour parler psychanalyse cinq minutes, un comportement agressif par une "pulsion d'agressivité" : c'est peut-être très satisfaisant pour l'orgueil, mais au final, on n'a rien expliqué du tout.

    4. Si donc vous cherchez sincèrement sinon à éliminer, en tout cas à endiguer les comportements criminels, alors votre première démarche doit être compréhensive, c'est-à-dire viser une recherche d'explications pertinentes, ce qui au passage, car je prévois votre objection, ne consiste pas à excuser l'auteur du comportement en question.

    J'espère vous avoir fait mieux saisir ma position sur ce sujet. Ne souhaitant pas abuser de votre hospitalité et égarer d'éventuels lecteurs de votre billet dans un hors sujet, je m'en tiendrais là pour ce fil de commentaires. Je ne manquerais évidemment pas de lire votre réponse, s'il en est une et vous dis à bientôt.

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  10. Bonjour Sadamiel,

    on n'est vraiment pas du tout sur la même longueur d'onde.

    Vous dites qu'en France, le fait d'enlever un enfant, de le violer, de le torturer, de le tuer lentement, de filmer le spectacle et de vendre la vidéo très cher, est interdit par la loi et par suite répréhensible.

    Si vous relisez attentivement cette phrase (qui est la vôtre) vous verrez que vous êtes en train de dire que cet acte est répréhensible parce qu'il est interdit par la loi. (Vous avez employé le mot "par suite" qui implique une conséquence).

    Donc, si c'était autorisé par la loi, ça ne serait plus répréhensible ?... Est-ce que vous voyez où cette manière de raisonner mène ?

    Maintenant il faut distinguer entre expliquer et décrire. Quand je dis (ou que n'importe qui dit) que tuer un enfant, c'est mal, on ne cherche pas à expliquer le pourquoi du comment, on cherche à qualifier l'acte pour savoir dans quelle catégorie il faut le ranger. A le classer en quelque sorte.

    L'explication de l'acte est une opération mentale différente qui demande, dans un cas de ce genre, de faire une enquête sur les motivations du meurtrier. C'est du cas par cas.

    Bonne journée.

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    Réponses
    1. De Sadamiel : [...] est interdit par la loi et par suite répréhensible [...]
      Réponse de Lucia : [...] Est-ce que vous voyez où cette manière de raisonner mène ? [...]
      A mon sens, et peut-être viendra-il corriger, il voulait dire par suite que l'on peut répréhender, c'est à dire condamner en terme efficient, c'est à dire agir (prison etc). Comme vous le dites vous même cela relève de la justice.

      Vous avez dit :
      - On ne doit pas juger les gens ;
      - On ne doit pas juger les croyances et les choix ;
      - Porter un jugement moral, c'est mal ;

      Je me permet de préciser qu'il est impossible de ne pas juger les gens c'est automatique, c'est le fonctionnement du cerveau "catégorie" comme vous dites, par contre je pense qu'il est plus 'humain' de dire : "il ne faut pas juger les gens sur ce qu'ils sont mais sur ce qu'ils font", qui relève du jugement de l'acte et non de la personne, en quelque sorte éviter les étiquettes.
      En conséquence je dirait que mon point de vue sur la religion est par exemple : croire en un dieu est stupide (je suis très gentil), pour autant je ne traiterait pas les gens croyants comme des arriérés, cela n'aurait aucun sens. Pour moi il est impossible de ne pas juger les croyances tout comme les choix, qui bien souvent ont des conséquences comportementales.

      J'en viens donc à l'essentiel : porter un jugement moral c'est mal.
      Je pense qu'il y a une différence à faire entre :
      1) avoir un jugement moral qui est automatique, et relatif (ce qui est bien pour moi peut être mauvais pour d'autre)
      2) exprimer ce jugement, c'est à dire l'imposer, en tant que tel, en tant qu'étiquette, en tant que vérité, immuable. Le jugement est toujours situationnel et devrait l'être. Le problème viens de la catégorisation du cerveau.
      Si je me suis bien exprimé, j'espère vous avoir fait comprendre que quand vous dites : "Porter un jugement moral, c'est mal" vous regrouper le fait d'avoir un jugement qui est normal, et le fait de le "porter" plus synonyme d'imposer qui peux être bon au mauvais, si il est situationnel, ou disons 'permanent' faute de meilleur termes.

      Je vous invite à relativiser votre point de vue sur le MAL très archaique (je suis désolé), et à juger les gens sur ce qu'ils font pas sur ce qu'ils sont, en d'autres termes, à ne pas laisser des étiquettes trop longtemps, car tout évolue, et à chacun sa vérité. Vouloir imposer une vérité unique, est en conséquence un 'mal' pour reprendre vos concepts.

      Bonne journée.

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