Recevez gratuitement les 20 premières pages du TRESOR + LA LETTRE BLEUE


 

04 octobre 2008

Le discours officiel sur la dépression

Contenu

« La dépression est une vraie maladie, ce n’est pas un laisser-aller, un mal de vivre que vous auriez laissé se développer ; vous ne l’avez pas voulue et vous n’en êtes pas responsable. »[1]

« La dépression est une maladie que l’on peut guérir. »[2]

« La dépression n'est pas seulement une forme de tristesse, mais une authentique maladie reconnue comme telle par les médecins et les chercheurs du monde entier. »[3]

« La dépression est une vraie maladie : seul un médecin peut la diagnostiquer. »[4]

« Non, la dépression n'est plus une malédiction. C'est une maladie qu'il importe de reconnaître et de traiter énergiquement. »[5]

« La dépression est aussi une maladie biologique. Contrairement à ce qu'on entend parfois, la dépression n'est pas seulement une maladie psychologique. »[6]

« La dépression est une maladie et dont le traitement est soumis à plusieurs handicaps. »[7]

« Aujourd'hui, seul un sujet déprimé sur cinq consulte et reçoit un traitement médicamenteux antidépresseur adapté, alors que la dépression est une maladie qui se soigne et qui guérit. »[8]

L’idée selon laquelle la dépression serait une maladie constitue le noyau dur du discours officiel ; autour de cette thèse centrale, gravitent de nombreuses idées annexes : la dépression est une maladie héréditaire et/ou génétique ; la dépression est une maladie qui se soigne avec des médicaments (des antidépresseurs) ; il n’y a pas de dépendance aux antidépresseurs ; faites confiance à votre médecin ; la dépression peut frapper n’importe qui ; etc.

Omniprésence

Ce discours officiel se trouve partout, ou presque : on le lit dans les magazines féminins ; on l’entend à la télévision ; on le trouve sur le net ; on l’entend dans le cabinet de son médecin. Comme il fait l’unanimité dans les médias depuis bon nombre d’années, il la fait aussi, par voie de conséquence, dans la tête de la plupart des gens qui s’intéressent à la dépression (soit parce qu’ils se sentent directement concernés, soit parce qu’un de leur proche broie du noir). Son omniprésence lui donne le statut d’une évidence : quelque chose qu’on accepte d’emblée, ou qu’on finit par accepter à force, par lassitude. Le discours officiel relève de l’orthodoxie la plus orthodoxe : c’est un dogme qui ne se discute pas, ou si peu. Un credo, une vérité, une certitude ; tous ceux qui savent y croient ; seuls les ignorants et les imbéciles n’y croient pas.

Promesses

Le discours officiel a un contenu factuel, mais ce qui le rend séduisant, ce sont les promesses implicites qu’il véhicule.

Promesses que l’on peut expliciter ainsi : « Nous vous promettons que votre souffrance mentale, psychologique et morale est en réalité une souffrance physique, l’équivalent d’une jambe cassée ; nous vous promettons que nous connaissons les moyens de vous en débarrasser ; nous vous promettons qu’il suffira, de votre part, de faire ce que nous vous dirons de faire sans rechigner et sans chercher à comprendre plus que le minimum ; nous vous promettons que tout redeviendra comme avant, que vous remonterez le temps pour redevenir exactement la même personne que vous étiez avant de commencer à souffrir ; nous vous promettons que nous sommes des experts, des professionnels et que nous confier votre libre-arbitre et vos facultés mentales est un choix que vous ne regretterez pas ; nous vous promettons que vous êtes une victime et que tout ça n’est absolument pas votre faute : ça aurait pu tombé sur n’importe qui. »



[1] AUTEUR : Dr Christine Mirabel-Sarron, médecin psychiatre, praticien hospitalier à l’hôpital Sainte-Anne, docteur en psychologie pathologique et clinique.

SOURCE : La dépression, comme s’en sortir, p. 17.

[2] AUTEUR : Dr Christine Mirabel-Sarron, médecin psychiatre, praticien hospitalier à l’hôpital Sainte-Anne, docteur en psychologie pathologique et clinique.

SOURCE : La dépression, comme s’en sortir, p. 79.

[4] AUTEUR : inconnu

SOURCE : http://www.msalorraine.fr/front/id/msalorraine/S1096467120858/S1097484476092/S1116332525354/publi_La-depression.html)

[5] SOURCE et AUTEUR : Quatrième de couverture de livre Je déprime, c'est grave docteur ? Comprendre et soigner la dépression, de Docteur Patrick Lemoine, psychiatre, chef du service de psychiatrie biologique du centre hospitalier Le Vinatier à Bron.

[6] http://www.lilly.fr/patho/neuropsy/depression-fiches/traitement-antidepresseur.cfm

[8] SOURCE : Soigner les dépressions avec les thérapies cognitives de Christine Mirabel-Sarron (Auteur), Julien-Daniel Guelfi (Préface), Présentation de l'éditeur. CHRISTINE MIRABEL-SARRON est médecin psychiatre, praticien hospitalier à l'hôpital Sainte-Anne de Paris. Docteur en psychologie clinique et pathologique, elle enseigne dans différentes universités de médecine et de psychologie.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire