Lorsqu'on conçoit la dépression comme une maladie, on visualise la guérison comme un retour à la normale, c'est-à-dire comme un retour à ce que l'on était avant d'être dépressif.
Et c'est vrai que pour une maladie plus physique, la guérison est bien cela : un retour à l'état antérieur.
Mais quoiqu'on fasse pour l'assimiler à une jambe cassée, la dépression n'est pas un problème de santé comme les autres... et en sortir, ce n'est pas - du moins si je généralise mon cas et celui de beaucoup d'autres - redevenir ce qu'on était.
Ce n'est pas non plus faire son deuil du bonheur, accepter qu'on ne sera jamais heureux, et prétendre qu'on a beaucoup de chance d'être triste... Il y a bien une porte de sortie à la dépression : on n'est pas obligé d'y errer éternellement (enfin, durant cette très courte éternité qu'est une existence humaine).
Seulement voilà : la porte de sortie n'a rien de commun avec la porte d'entrée. Inutile donc, de chercher partout une issue qui nous ramènerait avant, cette issue n'existe pas.
La porte du passé est fermée, définitivement. De même qu'on ne sera plus jamais l'enfant qu'on a été, on ne sera plus jamais ce qu'on était avant de devenir dépressif.
La porte de sortie est à chercher là où on n'a jamais cherché avant, et lorsqu'on la trouve - lorsqu'on sort de l'oppressant labyrinthe du regret et de l'angoisse - on se retrouve là où l'on n'avait encore jamais mis les pieds. Territoire neuf, inconnu, inexploré...
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< beau message, empreint de tristesse, de vérité, de sagesse >
RépondreSupprimerBeau message qui redonne de l'espoir. On sent qu'on lit quelqu'un d'adulte, de mûr, qui a beaucoup appris de sa dépression.
RépondreSupprimerJ'espère un jour avoir cette sagesse.
Bonsoir,
RépondreSupprimerPourquoi dites-vous que sortir de dépression n'est pas redevenir comme avant ?
Moi je suis redevenu comme avant ! Ma dépression a duré quelques mois (3-4 mois environ de pures souffrances) mais je suis redevenu comme avant, on peut dans mon cas vraiment parler de guérison ! Peut-être que les anti-dépresseurs que j'ai pris ont eu un effet placebo mais bon peut importe ! C.F. également le cas de Philippe Labro (Tomber 7 fois, se relever 8)...
Mais comme vous dites chaque cas est différent...
Bonsoir,
RépondreSupprimerje viens de tomber sur ce blog et les tous premiers articles que j'ai pu lire m'ont complètement chamboulé.
Je vais vous expliquer égoistement mon cas en quelques lignes en espérant recevoir pourquoi pas en retour un avis de Lucia (je ne sais pas si c'est dans votre habitude de répondre aux commentaires de vos lecteurs, j'ai vraiment fait que parcourir pour l'instant vos écrits) mais allez je me lance...
J'ai 27 ans et j'ai sombré dans le malheur, la dépression, le mal être, le désespoir il y a maintenant 1 an et demi. Tout me réussissait avant cet effondrement : les filles, le travail, l'argent, le succès était de mon côté, j'étais heureux, très heureux, j'avais vraiment confiance en moi, j'étais serein, fort, très sociable (métier de commercial, je participais à de multiples conférences...), généreux, dévoué, professionnel, droit... je pense sans aucune prétention que j'étais quelqu'un de bien comme on dit, j'étais apprécié et en parfait accord avec les valeurs que je donnais à la vie.
Mais après un mini traumatisme ma chute a commencé à s'accélérer brusquement en quelques mois, sans que je comprenne quoi que ce soit à ce qui était entrain de m'arriver... Aujourd'hui je suis obnubilé par le fait de redevenir la personne que j'étais puisque cette personne était très heureuse mais j'ai le sentiment que plus rien ne sera comme avant, que tout est fini, en peu de temps j'ai tout perdu (job, plusieurs amis, la confiance de mes proches et en moi-même...). Je me sens aujourd'hui humilié, j'ai le sentiment d'être un enfant qui vient de naître et qui ne sais plus rien faire! Ma concentration, ma clarté d'esprit, mon énergie, mon enthousiasme, mon tonus... se sont évanouis à petit feu et j'ai la certitude que c'est irréversible et que je ne retrouverai pas ces qualités. Je suis devant un mur, dans une impasse et j'ai l'impression d'être devenu une chose insignifiante ! L'enfer que je vis était pour moi et mes proches inenvisageable il y a quelques mois et le drame est que je n'ais rien compris à cet effondrement et que j'ais aucune certitude sur les moyens à mettre en place afin de parvenir à ma guérison et à me retrouver, retrouver ce bonheur perdu... Je crois que le Sylvain d'avant ne reviendra pas...
J'espère pouvoir profiter de vos avis et commentaires... merci à tous